Les brosses à peindre

13 décembre 2022 | Expositions, Savoir-faire

L’exposition Du ménage à l’art, créée pour les 150 ans de la Fédération Française de la Brosserie, a été invitée, du 5 au 21 septembre 2014, par la municipalité de La Capelle (Aisne). Cette ville, haut lieu de fabrication de brosses à peindre et de rouleaux, abrite le groupe Nespoli. L’événement a mis un coup de projecteur sur la brosserie à peindre. Son histoire à La Capelle est représentative de l’évolution de ce secteur et de son dynamisme.

Les sources et les débuts

Une section Capelloise collaborative

Les brossiers (ouvriers, cadres, dirigeants), les collectionneurs et les archives départementales de l’Aisne ont permis de retracer l’histoire de la brosserie à La Capelle. Ils ont fourni des informations, documents et brosses anciennes pour constituer une section capelloise nourrie. Celle-ci a ensuite intégré la médiathèque et l’usine Nespoli. Pendant l’exposition, des démonstrations de fabrication manuelle de brosses à peindre ont remporté un grand succès.

Les facteurs d’implantation    

La brosserie à peindre apparaît à La Capelle dans les années 1890. Cette ville de la Thiérache, située à un carrefour routier et dans une région industrielle, disposait alors de main d'œuvre. Elle entretenait aussi des liens avec Charleville-Mézières (Ardennes), un autre centre ancien important de brosses à peindre à 70 kilomètres. L’entreprise RBN (Ridremont et Brosserie Nouvelle) y est toujours active.

Usages et fabrication des brosses et pinceaux

 

Des usages diversifiés  

Comme les autres secteurs brossiers, l’essor de la brosserie à peindre est lié à celui de l’hygiène au 19ème siècle. Appliquée à l’habitat, elle a entrainé l’extension des surfaces peintes. Un autre facteur de développement est l’usage plus étendu qu’aujourd’hui des brosses et des pinceaux.

Les peintres en bâtiment employaient une grande variété de brosses et même des pinceaux d’art pour les détails, les effets décoratifs. Les brosses et les pinceaux servaient aussi à beaucoup d’autres métiers et de tâches : nettoyer, goudronner, graisser, coller, appliquer des produits (dont des médicaments) etc.

La fabrication manuelle

Durant la première moitié du 20ème siècle, les brosseries de la Capelle fabriquent à la main à la fois des brosses à peindre et des pinceaux d’art. Ceux-ci ont été produits à La Capelle jusque dans les années 70. Ces productions manuelles, complexes, ont conduit à l’émergence d’une main d’œuvre expérimentée. Elle comprend notamment les “ tourneuses de brosses ”, nom local des ouvrières qui confectionnent les touffes en effectuant un mouvement tournant.

Leur savoir-faire s’est transmis. Aujourd’hui, les brosses professionnelles sont toujours tournées à la main. Chaque étape demande de l’adresse : manipuler les soies glissantes, les étaler en nappe, nouer une ficelle à la base de la touffe, et surtout faire tourner la touffe pour former l’extrémité des brosses. La pointe des brosses à rechampir, en particulier, est obtenue par ce mouvement qui étage les fibres, et non en les taillant.

Les brosses à rechampir, aussi dites pouce à rechampir car leur manche est renflé pour poser le pouce, sont particulières à la France. Rechampir signifie délimiter des champs. Ces brosses précises servent à peindre les espaces étroits, baguettes, moulures, très présents dans l’habitat français.

La modernisation de la brosserie à peindre

Trois entreprises importantes

Trois brosseries de plus de 100 personnes se sont développées à La Capelle au 20ème siècle : les ets Loiseaux puis Demol (1890-1983) ; Le Hérisson (1947-1999), repris en 1996 par La Brosse et Dupont, puis en 1999 par Nespoli ; et la brosserie Emile Audry (1924) rachetée en 1962 par Roger et Pierre Andrès.

Sous leur direction, l’entreprise devient France Pinceaux, un acteur majeur de son secteur. Elle absorbera Loiseaux et Le Hérisson. Ces dirigeants visionnaires pressentent que la brosserie à peindre va entrer dans la grande distribution. Ils déploient une force de vente considérable, développent la production, l’injection de manches, la production des rouleaux etc.

L’apparition des rouleaux

La principale nouveauté dans l’outillage des peintres de la deuxième moitié du 20ème siècle est l’apparition des rouleaux à peindre. Leur fabrication débute dans les années 50-60, ils sont en peau de mouton puis en tissu, cousus main puis mécaniquement. Les rouleaux permettent de couvrir rapidement de grandes surfaces. Ils remplacent les grosses brosses à peindre, lourdes et nécessitant de grandes quantités de soies de porc. Ces grandes brosses comptaient de nombreuses formes régionales, aujourd’hui disparues.

La brosserie à peindre aujourd’hui     

Les fabricants français de brosses à peindre sont répartis dans toute la France et présents dans la grande distribution qui rend ce secteur très concurrentiel. Leurs gammes, très étendues, vont des articles haut de gamme, professionnels, au bricolage. Le succès de celui-ci fait évoluer la brosserie à peindre. Beaucoup pratiqué par les femmes, le bricolage a conduit à concevoir des brosses ergonomiques, légères et économiques, en fibre synthétiques. Le dynamisme de la brosserie à peindre, lié au bâtiment, est révélatrice de l’importance de l’habitat et de sa décoration dans notre société.

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